Stand Up Paddle sur le Baïkal

Depuis mes premiers treks en autonomie, il y a maintenant plus de dix ans, j’ai eu envie d’un jour partir découvrir la Sibérie, et plus particulièrement le lac Baïkal, un lac gigantesque en pleine nature, à l’aura mystique et théâtre de nombreux événements de la grande Histoire.

Nous savons tous quelle est la rigueur des hivers sibériens, qui ne manquent pas d’attirer explorateurs et autres ermites en quête de froid polaire.

Bien que j’adore le froid, c’est en plein été que nous sommes allés sur le lac Baïkal, pour le voir sous sa forme liquide et verdoyante.

La logistique

A l’origine, nous avions trouvé un contact sur place qui pouvait nous louer des kayaks et venir nous chercher à Irkoutsk. Le luxe ! Mais peu de temps avant le départ, nous apprenons que ce n’est plus possible… Plus de kayak, plus d’assistance sur place, il faut trouver un plan B. Rapidement, c’est la solution du Stand Up Paddle (SUP) gonflable qui s’est imposée car elle nous permettrait de ne dépendre de personne et d’apporter tout le matériel nécessaire avec nous. Pagaie téléscopique, paddle dégonflé, tout cela rentre dans un sac… de 25kg !

Le trajet

L’idée est de longer la côte Ouest du lac afin de flirter avec les rives les plus sauvages et naturelles du lac. De Buldoyeka / Olkon jusque Irkoutsk, ou l’inverse en fonction de la direction du vent.

Nous pensions que les vents saisonniers nous auraient poussés du nord au sud, mais en arrivant, il s’est avéré que c’était l’inverse et qu’il valait mieux partir du sud. En effet, la semaine où nous étions là, les vents favorables allaient à l’encontre des conditions climatiques saisonnières, qui, en théorie, vont du nord au sud.

Les étapes

Listvyanka  – Bolshiye Koty – bolshoy kadilnyi –  38 km en 9h

Une belle première journée de mise en jambe avec malheureusement du vent de face en début d’après-midi.

Cap Malyi Kadilnyi – Goloustnyi – 20 km en 9h

La journée compliquée où la Nature décide pour toi…. Dès le matin, des vents forts nous empêchent d’avancer même en pagayant a pleine puissance. Il faut donc s’arrêter souvent, constater à quel point on n’avance pas et se motiver à repartir. Heureusement,  la lutte entre Éole et Benthésicymé  finit par se calmer en fin de journée, et on arrive enfin à avancer un peu !

Роговик – BAIE PESTCHANAÏA – Khargino62 km en 13h

Cette fois-ci, la météo est de notre côté. Une belle journée avec le vent dans le dos, résultat : une longue distance parcourue. Départ 5h30, arrivée 19h30 – Nous gagnons une journée sur notre programme.

Черный – Bugul’deyka –  40 km en 8h

Pour notre dernière étape, et selon les dernières prévisions météo datant de 48h, le vent ne sera avec nous que le matin, il faut donc se lever aux aurores…

Comme prévu, la météo se complique de plus en plus vers midi. Heureusement, l’arrivée n’est plus très loin !

Au total, quelques 160 km en 4 jours complets de paddle d’environ 9 à 10 heures chacun en longeant la côte de Listvyanka jusqu’à Buguldieka. Bon, évidemment, notre vitesse dépend du vent, dont nous sommes largement tributaires. Parfois il nous pousse, parfois il nous fait redoubler d’efforts pour rien.

Retour sur la préparation

La préparation est toujours la même base pour chaque aventure, qu’elle soit petite ou grande en milieu aquatique ou polaire…  Savoir être autonome, dans un minimum de confort avec un minimum de matériel (en adéquation avec le milieu) pour aller loin et aller bien.

L’idée était d’être en autonomie complète. Pour ce, l’élément indispensable pour notre survie, l’eau était par chance en quantité infinie juste sous nos pieds. Bonne nouvelle, aucun besoin de porter de l’eau ! Pour la préparation de nos repas, nous avons préparé tous nos plats, encas et petit-déjeuners nous-mêmes à la maison avec des produits bio et locaux :

-> Focus sur la confection des plats déshydratés

Niveau matériel, nous avions simplement besoin de notre SUP, d’une tente, d’un maillot de bain, bien que l’eau ne fasse qu’une dizaine de degrés, d’un réchaud et de vêtements secs. Mine de rien, nous somme partis avec un poids total de 25 kilos dans les grands sacs (paddles + nourriture) et 10kg dans les sacs à dos (matériel de camping et vêtements).

Toujours tester son matos chez soi avant de partir, ça permet de bien le visualiser et de se rendre compte de ce qu’il représente en taille, en poids, en maniabilité… Et surtout ça permet de rêver !

Le paddling

Se déplacer en SUP, c’est vraiment un jeu d’équilibre : un moindre faux mouvement, un changement de direction du regard, une vague mal gérée et vous êtes à l’eau (froide !).

Une fois l’équilibre sur la planche et l’utilisation de la pagaie bien maitrisés, ça devient un jeu d’enfant… L’avantage du SUP c’est que vous avancez à la force des bras, mais comme vous êtes debout toute la journée à constamment changer votre point d’équilibre, vous vous musclez tout le corps.

Ça peut se compliquer avec le vent. Si vous êtes chanceux il vous pousse dans la bonne direction, sinon vous avez beau pagayer comme aux Jeux Olympiques, vous aurez quand même reculé !

Pour le reste, passer des heures sur l’eau avec comme seul bruit l’eau que soulève votre pagaie et observer les côtes du Baïkal c’est un vrai bonheur.

Check-List Matériel de l'aventure

Pour le camping – 8 kg :

  • Une tente – MSR Carbon refex 990gr,
  • Un sac semi étanche – Arcterix FL30,
  • Un matelas, Thermarest de préférence – Neoair,
  • Un sac de couchage en duvet – 5 à – 15 degrés Valandre Mirage 3/4,
  • Un oreiller gonflable,
  • Un matelas en mousse pour s’assoir,
  • Une frontale et une lampe de 5000 lumen,
  • Une batterie en backup,
  • Une banane pour avoir le nécessaire a portée de main pendant la navigation, pas question de se pencher pour fouiller dans le sac sur le paddle,
  • vêtements : 1 t-shirt, 1 polaire, 1 doudoune, 1 pantalon doudoune, sous-vêtements,1 casquette et 1 buff,
  • 1 trousse de toilette + les médicaments d’usage,
  • Une couverture de survie réutilisable.

Pour le SUP – 25 Kg avec nourriture :

  • Un stand up paddle Aqua Marina Touring et une pagaie en carbone (plus léger),
  • Une pompe,
  • Un kit de réparation avec : ducktape ; rustine ;  colle néoprène ; dérive de rechange ;  et un grigri porte-bonheur pour espérer de ne jamais devoir se servir du kit,
  • Deux sacs étanches pour la nourriture,
  • Le sac de transport SUP qui sert accessoirement pendant l’expédition de rangement pour la nourriture,
  • Une canne à pèche + kit.

Les moments forts

  • Les sacs qui passent la pesée à l’aéroport …,
  • …. et surtout qui arrivent jusqu’à Irkoutsk,
  • La trouvaille d’un taxi qui veut bien nous emmener a Listvyanka malgré l’heure tardive,
  • Le moment où ton pote prend un style indéfinissable parce qu’il est tombé dans l’eau et qu’il a frôlé l’hypothermie et qu’il faut lui mettre TOUS les vêtements secs disponibles sur le dos pour qu’il se réchauffe,
  • Le bon feux de bois (avec des branches « mortes ») pour se sécher et se réchauffer pendant le bivouac. Sans oublier notre bouteille de vodka pour honorer les traditions du pays qui nous accueille,
  • La quiétude des heures de navigation en SUP sans croiser une âme. Et bien sûr, la beauté des paysages.

Sibérie et Baïkal

Que dire du lac Baïkal ? Je ne suis pas déçu du voyage, la nature est magnifique, les paysages aussi, avec tantôt des plaines, tantôt des dunes de sable et parfois des montagnes qui tombent à pic dans l’eau. De beaux moments de quiétude, parfois en compagnie de phoques d’eau douce qui nous accompagnent sur un bout de chemin.

Et puis les bivouacs, au milieu des sapins, des bouleaux et des habitants locaux, les moustiques. Pas d’ours à signaler en ce qui nous concerne, il paraît qu’il n’y en a que tout au nord.

Une aventure mystique et enrichissante.